16 janvier 2014
"Le compact-disc révolutionne la hi-fi" (Télé 7 jours, 16/03/1985)
Jean-Michel Jarre, qui a vendu vingt millions de disques dans le monde entier – et dont le dernier 33 tours Zoolook est déjà classé au "Top 20" – a été l’un des premiers visiteurs; du Festival du son et de I’image qui se tient jusqu’au 17 mars au CNIT, à la Défense. II est passionné par les nouveautés techniques en matière d’audiovisuel et nous dit pourquoi.
Vous êtes l’un des rares, en France, dont les oeuvres sortent à la fois en disques "classiques" et en compact disc. Pourquoi croyez-vous en cette nouvelle technique ?
Le compact disc est appelé à remplacer, d’ici quelques années, les bons vieux 33 tours. C’est une véritable révolution. Imaginez que lorsque j’écoute chez moi un disque sur un lecteur à laser, c’est comme si j’étais assis devant des musiciens qui jouent. C’est comme si vous écoutiez un master (l’épreuve qui sert de matrice pour le pressage des disques), tant les qualités des enregistrements sont excellentes. Chaque disque compact est en soi un original que chacun peut acquérir. J’ai déjà commandé le petit baladeur qui est au compact-disc ce que le walkman est à la cassette. J’ai également commandé un appareil pour ma voiture qui va être commercialisé très bientôt.
Oui, c’est une des nouveautés que l’on peut voir au Festival du son et de l’lmage.
Bien sûr, depuis longtemps je m’intéresse aux technologies audiovisuelles. D’une part, parce que, pour mon travail, j’utilise un certain nombre d’appareils tels que des synthétiseurs ou des ordinateurs, et par ailleurs je suis attiré par les phénomènes de vidéo et de communication. J’utilise, depuis très longtemps une caméra vidéo avec un portable et je viens d’acheter une videomovie. C’est un appareil qui assemble dans un même corps une caméra et un magnétoscope et qui utilise des cassettes VHSC, adaptables aux magnétoscopes de salon. C’est superbe. Très léger et maniable. J’ai un magnétoscope VHS U-Matic tristandard et un grand écran. Tout cela me sert en famille et professionnellement. Il y a des applications inouïes entre le son et l’image. Et c’est bien pour cela que je m’intéresse de très près à toutes les nouveautés.
Le son, l’image, cela nous amène aux clips-vidéo. Qu’en pensez-vous ?
Le clip, j’en ai toujours fait. D’abord pour des raisons pratiques. Voulant réaliser un disque à vocation internationale et n’ayant pas pour autant de don d’ubiquité. Il m’était difficile de le présenter personnellement dans des télés un peu partout. Et puis c’est un moyen de communication véritable. Ça a ses dangers aussi. La musique véhicule le rêve et l’imaginaire, le clip les montre. Les gens peuvent se sentir un peu frustrés. Ce qui m’intéresse le plus dans le videoclip, c’est de le considérer comme un mode d’expression semblable au cinéma ou à la bande dessinée. Ce que nous avons, par exemple, essayé de faire dans le mien avec «Zoolook», ce n’est pas une illustration de la musique, mais plutôt son prolongement. Il est dommage, d’ailleurs, qu’il ne passe plus à la télé.
Vous voulez dire qu’il est interdit de passage ?
Oui, mais par la maison de disque elle-même. En fait, la télévision refuse de payer aux maisons de disques les droits de passage des clips, ce qui est scandaleux. Imaginez que pour une émission comme «Bonsoir les clips», sur A 2, qui diffuse en moyenne une dizaine de clips tous les soirs, elle dispose, si on considère que le coût moyen d’un clip est de 400 000 francs, d’un plateau de 4 millions de francs au prix de l’électricité et du technicien qui met le magnétoscope en marche. Que la télévision française ne paye pas de droits de passage est une situation unique dans le monde. Et comme la TVA à 33% sur les oeuvres musicales !
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15 janvier 2014
Jean-Michel Jarre, les voies humaines (Article du 1/11/1984)
Les exégètes avertis étaient prêts à ricaner : le nouveau disque de Jean-Michel Jarre, «Zoolook», ne pouvait être qu’une répetition. Un bis d’ «Oxygène» et d’ «Equinoxe», deux 33-tours qui avaient fait, pourtant, le bonheur , des teen-agers. Jarre était classé, catalogué : informaticien de la musique, technicien hyperdoué. Il multipliait, bien sûr, les tubes. II en vendait sous toutes les latitudes: vingt millions de disques, chiffre record pour un Français. N’empêche, réticences. Nombreuses et persistantes. Comment Supporter cette étiquette « musicien de supermarché » ? Raidissement, fureur rentrée : «( C’est exactement ce que je souhaite. ) Silence, iI ne parle plus, ne s’explique pas davantage. S’enferme avec sa femme, l’actrice Charlotte Rampling, dans une superbe maison de campagne. Jarre boudeur. Cette fois, iI s’est agi de faire taire les « autres », tous ces « autres » si français et si rétifs au succès commercial. Alors, Jarre s’est remis en cause. Son nouvel album ne fait plus la part belle aux synthétiseurs-ordinateurs.
« J’en avais assez de travailler sur ces sons devenus classiques. Apres « La guerre des étoiles », « Goldorak » et la pub, cette musique était devenue galvaudée, indigeste. » Il a donc choisi de travailler sur des « matériaux humains ». Des voix. Piquées au magnétophone, avec la complicité d’un ethnologue, Xavier Bellenger . Jarre s’est installé dans la défroque et la fonction d’un paparazzi à l’aguet des images sonores apparemment les moins audibles et intelligibles à l’oreille de l’Occidental moyen : pygmée, tibétain, sioux, malais ou esquimau. «( Ensuite, explique-t-il, j’ai procédé à la sélection, et j’ai tout fait ingurgiter par un ordinateur. J’ai transformé puis mixé comme s’il s’agissait d’un instrument normal. ) Jarre n’a pas su, ou n’a pas pu, résister à cette passion tenace d’une musique conceptualisée et hypertravailIée. La tentative est ambitieuse. Jarre accepte le risque de désarçonner ses fans. Peu lui importe. Le jeune homme – 36 ans déjà – croit en son étoile, en ses réussites. Quand « Zoolook » sera inscrit aux différents hit-parades, rien ni personne ne pourra l’empêcher de repartir en bataille. Contre qui ? « La chapelle, la sainte trilogie Xenakis-Boulez-Ircam. » Le paparazzi se veut également justicier.
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14 janvier 2014
Jarre en laboratoire (Le Monde, 01/07/1980)
Il n’y a guère que Jean-Michel Jarre qui ait monté, ces dernières années, un spectacle aussi minutieusement préparé que ce fascinant « Mur ». Par des jeux de lumières autour des trois couleurs nationales, synchronisés avec la musique et d’immenses projections audiovisuelles sur le thème des libertés et de la Révolution de 1789, l'environnement était devenu une composante essentielle du spectacle, retransmis à la télévision, ce 14 juillet 1979. L'orchestration de l′image a partir des façades du ministère de la marine et de l′Hôtel Crillon – sans oublier la contreplongée offerte par la perspective de la Madeleine, – et le son quadriphonlque tournant à 360° sur toute la place de la Concorde grâce à quelque deux cents haut-parleurs, produisaient une multitude d’effets qu’aucun lieu fermé n’aurait, à l′evidence pu assurer.
:: En laboratoire ::
Pour Jean-Michel Jarre, qui prépare actuellement un autre spectacle destiné à la Chine, "le concert a été pendant long temps la seule manière pour les gens d’écouter de la musique et pour les musiciens de se faire entendre. Mais ceux qui vont aujourd’hui à un concert cherchent quelque chose qui leur apporte plus qu’un disque. C’est pourquoi il est urgent d’utiliser de manière créative de nouvelles techniques comme la vidéo, urgent aussi d’imaginer des mises en scène et de découvrir des endroits qui renouvellent les spectacles tels qu’on les a envisagés jusqu’ici." Cette evolution vers un travail de conception et de réalisation,qui sera de plus en plus effectué en « laboratoire », présente cependant l′inconvénient de rendre très hasardeuses les improvisations pendant la représentation elle-même. Une forme traditionnelle du contact avec le public qui disparaît. Mais l′enjeu en vaut la peine.
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12 janvier 2014
Jean-Michel Jarre: sa musique ne doit rien à papa (Paris-Match, 01/01/1977)
Puis il s’est orienté vers la recherche musicale, dans le groupe animé par Pierre Schaeffer. Il y a découvert au-delà de la gamme traditionnelle, l’ensemble des sons qui forment notre environnement acoustique, base de la musique concrète. Il a été l’un des premiers en Europe à travailler sur un synthétiseur, cette étrange machine électronique à reproduire et transformer les bruits. Mais il s’est retrouvé dans une impasse.
Aussi, mieux qu’un titre, «Oxygène», c’est un programme : «Je veux que ma musique soit un bol d’air frais et doux. Je m’adresse à la sensibilité. Je ne veux pas faire une musique qu’on écoute la tête entre les mains.» Ce qui ne l’éloigne pas radicalement de la musique paternelle, bien qu’il affirme n’avoir subi aucune influence qu’une disposition héréditaire à charmer : "Mes parents ont divorcé quand j’avais cinq ans. Mon père s’est installé à Hollywood et je le voyais tous les deux ans. Nous nous rencontrons régulièrement, nos rapports sont excellents, mais ce sont des rapports d’ami à ami, pas de père à fils."
Un type de rapport qu’il cultivera bientôt avec David, deux mois, son fils, qui est aussi celui de Charlotte Rampling. David-charlotte-Jean-Michel se sont installés pour l’instant à Paris. David découvre la vie. Charlotte a décidé de se reposer après « Un taxi mauve », dont elle est la vedette féminine et Jean-Michel travaille évidemment à un deuxième disque qui sortira en septembre avec une innovation ambitieuse : le disque sera accompagné par une vidéocassette, un film réalisé aussi par Jean-Michel Jarre et qui sera la version image de la musique. Image et son comme papa.
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11 janvier 2014
La Concorde tricolore (Paris-Match, 15/07/1979)
:: Article de Paris Match sur le Concert de la Concorde :: Paris bleu – blanc – rouge, la grande de la place de la Concorde pour le 14 Juillet était à annoncée 22 heures. Arriver à une heure et demie à l’avance était raisonnable. L’air était doux, et on pouvait espérer un endroit où on pouvait s’inslaller comodément. Mais non. Des rues convergent et des Champs-Elysées – jalonés par des vendeurs de saucisses et par les cars des forces de l’ordre se déversait une foule flâneuse qui trébuchait sur les innombrables super-prudents. Beaucoup étaient déjà assis à même les pavés. Certains étaient carrément allongés, faisant semblant de bronzer comme sur une plage surchargée. D’autres encore étaient debout, un peu hésitants, surtout les femmes à hauts talons, prêtes pour les bals de nuit. Au milieu, un malin vendait des canettes de bière dans un baquet d’eau fraîche. Près des barrières, des jeunes gens offraient contre 2 francs un quartier de pastèque.
:: Les nostalgiques de Woodstock ::
Parvenus en face de l'échafaudage encadré de deux panneaux ('Mairie de Paris" en rouge et "Europe 1" en bleu) tout espoir de confort minimum était perdu, d'autant plus que le public s’épaisslssait par flots. Un public détendu et hétérogène. Un peu comme à la Fête de l’Humanité : des familles traditionnelles, des couples jeunes et vieux des bandes de jeunes cadres bien coiffés, des nostalgiques de Woodstock. Avec, en plus nombre incroyable de cosmopolites et quelques habitués nocturnes des bosquets des Tuileries, venus prendre un bain d’innocence.
Restait donc à repartlr à contre-courant, attelndre la rue du Faubourg-Saint-Honoré pour tenter sa chance de I’autre côté de la place. La rue Royale était barrée. Les gendarmes, souriants, mals Incorruptibles, réslstaient aux sourires et aux sollicitations du genre : "Je veux seulement prendre un verre chez Maxim’s", Quant aux autres rues, elles étalent totalement engorgées, et la foule se déversail toujours. Restait donc à courir jusqu’à sa télévision pour la retransmlssion sur TF1 et en Eurovision. Après un faux départ, un long blanc meublé n’importe comment par le présentateur Claude Dufresne, on a entendu la musique de Jean-Michel Jarre qui a conçu l’ensemble du spectacle. Et surtout on l’a vu lui. On l’a vu manipuler ses consoles et ses synthétiseurs, ôter et remettre son casque, s’angoisser, fermer les yeux, prendre un air inspiré. On pouvait croire que Paris le fêtait. On a vu quand même la partie audiovisuelle, les images scandées au rythme de la musique, projetées sur les pierres des hôtels, des paysages, des animaux irréels, des gravures du temps, des photos d’aujourd’hui, des desslns genre Pop’art un petit peu désuets… Elles étaient montrées en gros plan ou se partageaient l’ecran avec Jean-Michel Jarre, et on ne se rendait pas compte de l’effet produit sur place. Mais trois gendarmes mobiles, interviewés sur Europe 1 – Qui diffusalt également la fête en direct, – ont declaré émus, qu’il "fallait le voir pour le croire". Et la soirée s’est terminée par un feu d’artifice sur les fontaines éclairées, fantastique, féerique, une grandloss splendeur. On n’a encore rien inventé de plus beau que ces joyaux d’un instant.
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